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noissances intimes, ont tous une sorte d’inclination naturelle pour les femmes qui composent la famille de leur hôte, ou de leur ami ; c’est-à-dire, pour sa grand’mère, sa mère, sa sœur, sa fille, sa tante, sa nièce, et sa cousine, si elles sont riches ; ou pour sa femme, sa sœur, sa fille, sa nièce, sa cousine, sa maîtresse et sa servante, si elles sont jolies.

Nous ne voudrions pourtant pas insinuer, que des hommes du caractère de Thwackum et de Square, eussent conçu un projet peu conforme aux principes de certains moralistes sévères, avant d’avoir bien examiné si, comme dit Shakespeare, c’étoit un cas de conscience ou non. Le théologien se fondoit sur ce que l’Écriture ne défend nulle part de convoiter la sœur de son prochain ; et il savoit qu’en matière de jurisprudence, expressum facit cessare tacitum, la loi permet ce qu’elle n’interdit pas : or, comme l’Écriture qui défend en plusieurs passages de convoiter la femme et les biens du prochain, ne fait nulle part mention de sa sœur, il en concluoit qu’on pouvoit aspirer légitimement à la posséder. Quant à Square, bien fait de sa personne, et avide de fortune, il concilioit sans peine son inclination avec l’éternelle convenance des choses.

Les deux rivaux, attentifs à chercher les moyens de plaire à leur veuve, n’en imaginèrent pas de