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en saisit le véritable sens, fourniront d’utiles leçons aux jeunes gens bien nés qui nous liront un jour. Ils les convaincront que la bonté du cœur et la franchise du caractère, quoique dignes de mille éloges, et la source des plus douces jouissances, ne suffisent point pour réussir dans le monde. La prudence et la circonspection sont nécessaires aux hommes même les plus irréprochables ; elles forment en quelque sorte une sauvegarde, sans laquelle il n’y a point de sûreté pour la vertu. Ce n’est pas assez que les intentions, nous disons plus, que les actions soient essentiellement bonnes, il faut encore qu’elles le paroissent. Quelque beauté qu’ait l’intérieur, on ne doit pas négliger le dehors ; autrement la malice et l’envie noirciront si bien l’ame la plus pure, que la pénétration et la bonté d’un Allworthy ne sauront en découvrir l’excellence. Ô mes jeunes lecteurs, ayez toujours présent à l’esprit, qu’il n’existe aucun homme assez parfait, pour pouvoir manquer impunément aux règles de la prudence, et que la vertu elle-même ne paroît belle, qu’autant qu’elle se montre parée des ornements extérieurs de la bienséance et de l’honnêteté. La suite de notre histoire, si vous nous lisez avec attention, vous offrira des preuves suffisantes de la vérité de cette maxime.

Qu’on nous pardonne notre courte apparition