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choisi les occasions d’orner notre récit. Il conviendra, sans doute, qu’il ne pouvoit s’en présenter une plus favorable, que le moment où nous allons introduire sur la scène un personnage considérable, un personnage qui n’est rien moins que l’héroïne de ce poëme héroï-historico-prosaïque. Nous avons donc cru devoir prévenir les esprits en sa faveur, par la réunion des plus riantes images que la nature ait offertes à nos pinceaux. La méthode que nous suivons est fondée sur de nombreuses autorités ; d’abord, sur celle de nos poëtes tragiques, qui manquent rarement de préparer l’auditoire à l’entrée de leurs principaux acteurs.

Chez eux, le héros de la pièce s’annonce toujours au bruit des tambours et des fanfares, pour exciter dans l’assemblée une humeur belliqueuse, et disposer l’oreille à un cliquetis de mots, à un ronflement de périodes que l’aveugle de M. Locke pourroit fort bien confondre avec le son aigu d’une trompette. Les amoureux, au contraire, viennent-ils à paroître ? une musique mélodieuse les accompagne sur le théâtre, soit pour pénétrer le spectateur des charmes de la volupté, soit pour le provoquer au doux sommeil où la scène suivante doit le plonger.

Et non-seulement les poëtes tragiques, mais leurs capricieux tyrans, les directeurs de specta-