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bleau vivant où la vertu devient pour ainsi dire sensible, et se manifeste avec une partie des charmes que Platon avoit entrevus dans sa pure essence.

Non content d’exposer au grand jour ses divins attraits, j’ai voulu attirer les hommes à son culte par un motif plus puissant que l’admiration, par la considération de leur véritable intérêt. Je me suis appliqué, dans ce dessein, à faire voir que toutes les jouissances du vice ne sauroient tenir lieu de cette paix solide de l’ame qui est la compagne fidèle de l’innocence et de la vertu, ni racheter le trouble et les remords qu’elles traînent toujours à leur suite. J’ai montré de plus que ces jouissances ne s’obtiennent pour l’ordinaire que par des moyens honteux, incertains, souvent même dangereux ; enfin j’ai tâché de prouver que l’innocence et la vertu n’ont pas d’ennemi plus nuisible que leur imprudence naturelle, qui les précipite trop souvent dans les piéges que la ruse et la