Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 1.djvu/268

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

siettes de personne, entendez-vous ? Mon amant me fera un meilleur sort. Voyez ce qu’il m’a donné cette après-midi ; il m’a promis que je ne manquerois jamais d’argent, et vous n’en manquerez pas non plus, ma mère, si vous voulez retenir votre langue et consentir à votre bonheur. » En disant ces mots, elle tira de sa poche plusieurs guinées, et en donna une à sa mère.

La bonne femme ne sentit pas plus tôt dans sa main la pièce d’or, que cette panacée merveilleuse éteignit, comme par enchantement, le feu de sa colère. « En effet, mon mari, dit-elle à Georges, il n’y a qu’un sot comme vous, qui soit capable d’accepter une place, sans savoir à quoi elle oblige. Peut-être, comme le dit Molly, veut-on la mettre à la cuisine ; et en vérité je ne me soucie pas qu’on fasse de ma fille une souillon. Quoique pauvre, je suis bien née, voyez-vous : mon père étoit homme d’église ; et si le dénûment absolu où il m’a laissée, à sa mort, m’a réduite à me mésallier, en épousant un homme de rien, sachez que j’ai des sentiments au-dessus de ma fortune. Eh ! morguienne, que miss Western ne fasse pas tant la renchérie, et se souvienne un peu mieux, qui étoit son grand-père. Plusieurs de mes parents rouloient carrosse, quand les grands-pères de certaines gens alloient à pied. Croit-elle nous avoir fait un grand cadeau, en nous envoyant une de ses vieilles robes ? Il y