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demandé quel étoit le père du petit bâtard, elle a refusé de le dire, et il alloit l’envoyer à Bridewell, lorsque je suis parti.

— Eh ! mon cher, s’écria Western, n’avez-vous pas d’autres nouvelles à nous apprendre, que l’aventure d’une fille grosse ? Je m’attendois, à votre début, que vous alliez nous entretenir des affaires publiques, des intérêts de l’État.

— Je conviens que mon histoire n’a rien de fort intéressant. J’ai cru néanmoins, qu’elle méritoit de vous être contée. Quant aux affaires publiques, votre seigneurie s’y entend mieux que moi ; je ne me mêle que de celles de ma paroisse.

— Oui vraiment, je crois, comme vous dites, que je m’y entends un peu ; mais allons, Tom, buvons, la bouteille est à côté de vous. »

Tom s’excusa, prétexta une affaire pressante, sortit de table et s’échappa brusquement, malgré les efforts de l’écuyer pour le retenir.

M. Western lâcha contre lui un gros juron. « Parbleu, dit-il au ministre, j’évente la mèche. Tom est le père du bâtard. Vous souvient-il avec quelle chaleur il me recommandoit le garde-chasse ? Tudieu ! l’adroit compère : oui, oui, vrai comme deux et deux font quatre, le petit bâtard est du fait de Tom.

— J’en serois bien fâché, dit le ministre.

— Pourquoi, fâché ? quel grand mal y auroit-il