miers éléments ? N’est-il pas plus naturel de penser, que ces règles sont fondées sur de bonnes et solides raisons qui échappent à la foiblesse de nos lumières ?
La vérité est qu’on a fait trop d’honneur aux critiques, en les supposant des hommes beaucoup plus profonds qu’ils ne le sont réellement. Ils ont abusé d’une aveugle crédulité, pour s’arroger un pouvoir despotique, et leur audace en est venue au point, qu’ils occupent aujourd’hui la place des maîtres, et régentent les auteurs dont les devanciers leur dictoient jadis des lois.
Les critiques ne sont, à proprement parler, que des scribes chargés de transcrire les règles et les lois établies par ceux que leur génie a élevés au rang de législateurs, dans les différentes sciences où ils ont excellé. Jadis ces messieurs ne sortoient point de leurs modestes attributions ; ils n’auroient pas osé prononcer un arrêt, sans l’appuyer de l’autorité du juge qui l’avoit rendu.
Avec le temps, et dans les siècles d’ignorance, ils usurpèrent le pouvoir et la dignité de leurs maîtres. L’art d’écrire ne fut plus fondé sur la pratique des bons auteurs, mais sur les préceptes des critiques ; le scribe devint législateur, et ceux-là dictèrent des lois, qui n’avoient d’abord d’autre emploi que de les transcrire.
Il en résulta un inconvénient grave et presque