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pleinement éclairci la matière que nous traitons. Supérieur aux artistes vulgaires, il mérite une place parmi ceux

Dont les inventions ont embelli la vie[1].

C’est l’auteur d’un drame singulier, connu sous le nom de Pantomime angloise.

Ce drame se divisoit en deux parties, l’une sérieuse, l’autre comique. La première présentoit un certain nombre de dieux et de héros païens, qui formoient certainement la plus ennuyeuse réunion qu’on eût jamais offerte sur la scène. Dans l’intention de l’auteur, elle devoit, à l’insu de la plupart des spectateurs, contraster avec la partie comique, et rendre plus piquants les lazzi d’arlequin.

C’étoit, il faut l’avouer, montrer peu d’égards pour des personnages si dignes de respect. Toutefois l’idée parut assez ingénieuse, et produisit son effet. On n’en sera pas surpris si, aux termes de sérieux et de comique, on substitue ceux d’ennuyeux et de très-ennuyeux. Jamais on n’avoit rien vu de si plat que le comique ; l’insipidité n’en pouvoit être relevée, que par celle du sérieux : or, tel étoit l’excès d’ennui qu’inspiroit la présence des dieux et des héros, que notre arlequin,

  1. Inventas qui vitam excoluere per artes.Virgile.