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— Si vous voulez parler de M. Allworthy, répartit Thwackum, il vous convient mieux qu’à moi de lui donner ce titre ; car il l’a bien mérité de vous.

— Et de vous aussi, monsieur. Ne lui a-t-il pas plu, dans sa prétendue bonté, de nous traiter de même ?

— Je n’aurois pas abordé le premier ce sujet ; mais puisque vous commencez, je vous dirai sans détour que je suis d’un avis contraire au vôtre. Il y a une grande différence entre un bienfait et une récompense. La place que j’ai remplie dans la maison de M. Allworthy, les soins que j’ai donnés à l’éducation de ses deux enfants, sont des services dont j’aurois pu attendre plus de reconnoissance. Ne croyez pas pourtant que je me plaigne. Saint Paul m’a appris à être satisfait du peu que je possède. Ce peu, fût-il moindre encore, je saurois m’en contenter : mais l’Écriture sainte, en me faisant un devoir de mépriser les richesses, ne m’oblige point de fermer les yeux sur mon propre mérite, ni d’être insensible à l’affront d’une injuste comparaison.

— Puisque vous me provoquez, sachez que c’est à moi que l’affront s’adresse. Je n’aurois jamais cru que M. Allworthy fît assez peu de cas de mon amitié, pour me confondre avec un homme à ses gages ; mais je connois la cause de