et leur dit qu’il avoit reçu des nouvelles douloureuses ; que sa mère, en revenant de Londres, avoit été prise d’une violente attaque de goutte dans la tête et dans l’estomac, et qu’elle étoit morte, au bout de quelques heures, à Salisbury.
« Fatalité ! s’écria le docteur. Que n’ai-je été à portée de la secourir ! On ne peut répondre des événements. La goutte est une des maladies les plus rebelles à la médecine ; et cependant il est bien rare qu’elle résiste à mes remèdes. »
Square et Thwackum firent à M. Blifil leurs compliments de condoléance, sur la perte de sa mère. Le premier lui conseilla de la supporter en homme ; le second, de s’y résigner en chrétien. M. Blifil leur répondit, qu’il savoit très-bien que nous étions tous sujets à la mort ; qu’il tâcheroit de ne pas se laisser accabler par son malheur ; mais qu’il ne pouvoit s’empêcher d’accuser un peu l’étrange rigueur du sort, qui choisissoit, pour le frapper d’un si rude coup, le moment où il craignoit d’en recevoir un autre non moins sensible. Il ajouta, que la circonstance présente alloit mettre à l’épreuve les excellents principes qu’il tenoit de M. Thwackum et de M. Square, et que s’il survivoit à tant d’infortunes, il en seroit redevable aux leçons de ses maîtres.
On délibéra ensuite, si l’on apprendroit à M. Allworthy la mort de sa sœur. Le médecin s’y op-