Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 1.djvu/87

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dre signe d’intérêt en sa faveur, étoit tombé amoureux (faut-il le dire ?) du château de M. Allworthy, de ses jardins, de ses terres, de ses métairies. Il en étoit si épris, que pour en obtenir la possession, il n’eût pas hésité à épouser, s’il l’eût fallu, la pythonisse d’Endor.

Instruit par M. Allworthy de l’intention où il étoit de ne se point remarier, et d’assurer sa fortune au premier enfant qui naîtroit de miss Bridget, sa plus proche parente (ce que la loi auroit très-bien fait sans lui), le docteur se persuada, ainsi que le capitaine, que ce seroit une œuvre méritoire de donner le jour à une créature humaine qui devoit être si abondamment pourvue des principaux moyens de bonheur. Les deux frères n’eurent donc plus qu’une pensée, ce fut de chercher à gagner le cœur de l’aimable miss Bridget.

La fortune, cette tendre mère, qui fait souvent pour ses enfants chéris plus qu’ils ne méritent, et même plus qu’ils ne désirent, se plut à seconder les vœux du capitaine. Tandis qu’il méditoit l’exécution de son plan, miss Bridget, animée du même sentiment que lui, mais stricte observatrice des lois de la décence, rêvoit de son côté à la manière de lui donner un encouragement convenable, sans laisser voir trop d’empressement. Elle n’eut pas de peine à réussir dans ce