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femme parée des charmes de la candeur, de la piété, de la raison, si elle ne joint à ces qualités essentielles le frêle avantage de la figure, c’est une conduite aussi indigne d’un homme sensé que d’un chrétien : et l’on peut, sans manquer de charité, supposer que ceux qui agissent ainsi, n’ont d’autre vue que le plaisir des sens, dont l’institution du mariage n’a pas été le but.

« Pour ce qui est de la fortune, la prudence humaine conseille, et avec raison, de la prendre en considération. Dans l’ordre social, l’état du mariage, le soin des enfants, obligent à une dépense proportionnée au rang et à la position qu’on occupe dans le monde. Cependant la vanité et la folie l’étendent fort au-delà des justes bornes. Elles créent infiniment plus de besoins que la nature. Un équipage pour la femme, de grands établissements pour les enfants, sont mis, par l’usage, au nombre des choses nécessaires ; et dans le dessein de se les procurer, on néglige, on méprise les biens les plus solides, les plus doux, la religion et la vertu.

« Cette soif des richesses approche quelquefois de la démence, comme lorsqu’un homme opulent épouse une femme sans esprit et sans mœurs, ou disgraciée de la nature, afin d’augmenter des biens déjà plus que suffisants pour satisfaire tous ses goûts. S’il ne veut pas qu’on le taxe d’extra-