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Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 2.djvu/13

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TOM JONES.

Ces philosophes sont-ils du nombre de ceux auxquels le docteur Swift attribue l’insigne honneur d’avoir deviné, par la seule force de leur génie, sans ombre de savoir, ni même de lecture, ce profond et inestimable secret, qu’il n’y a point de Dieu ? ou font-ils partie de cette secte insensée qui alarma naguère le monde, en s’efforçant de prouver que la vertu et la bonté sont des chimères, et que l’orgueil est l’unique principe des meilleures actions ? Sans prendre sur nous de décider la question, nous sommes tenté de les ranger dans la classe des professeurs de philosophie hermétique. Les uns et les autres suivent exactement, dans leurs recherches, la même méthode. Ils étudient, ils analysent des substances impures : et quoi de plus impur qu’une ame corrompue ?

Mais si l’on peut comparer avec justesse, sous le rapport des moyens et de la fin, les chercheurs d’or et les chercheurs de vérité, sous celui de la bonne foi, il n’y a entre eux nulle parité. Jamais alchimiste fut-il assez impudent, ou assez fou, pour conclure de son impuissance à faire de l’or, que les entrailles de la terre ne renferment point ce métal ? Les chercheurs de vérité, au contraire, après avoir sondé leurs cœurs abjects, où ne brille aucun rayon de la Divinité, où ne respire aucun sentiment d’honneur, de vertu, d’amour, osent