Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 2.djvu/173

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pourrai. Si je dois perdre son écot, le plus tôt vaut le mieux. Il n’y a pas plus d’un an, qu’on m’a volé une cuiller d’argent.

— Que parles-tu de bâtard de paroisse, Robin, répartit le quaker ? tu le prends certainement pour un autre.

— Non, non, je tiens le fait du guide, qui le connoît très-bien. » Le guide, en effet, n’avoit pas plus tôt pris sa place auprès du feu de la cuisine, qu’il s’étoit mis à raconter aux assistants tout ce qu’il savoit, ou qu’il avoit ouï dire du jeune voyageur.

Le personnage à l’habit simple et au large feutre, fut à peine éclairé sur la basse extraction de Jones, que la pitié qu’il sentoit pour lui, s’évanouit entièrement. Il se retira, non moins furieux qu’un duc et pair qu’auroit insulté un va-nu-pieds.

L’aubergiste conçut un égal mépris pour son hôte ; quand Jones voulut aller se coucher, il lui répondit qu’il n’avoit pas de lit à lui donner. Robin faisoit plus que de le mépriser, il le soupçonnoit d’épier l’occasion de commettre quelque vol dans sa maison. La sage précaution que sa femme et sa fille avoient prise le matin, d’enlever tout ce qui n’étoit pas scellé dans la muraille, auroit pu dissiper ses appréhensions ; mais il étoit naturellement défiant, et l’étoit devenu encore