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Le guide et un autre voyageur restèrent long-temps en faction avec lui, sans se douter de ses soupçons, et sans en avoir eux-mêmes aucun. La cause qui prolongeoit leur veille finit par y mettre un terme. C’étoit de bonne et forte bière dont ils arrosoient largement leurs gosiers. Après un long et bruyant colloque, ils tombèrent l’un et l’autre dans un profond sommeil.

Mais la liqueur, tout excellente qu’elle étoit, ne put endormir la vigilance de Robin. Il continua de veiller, sans changer d’attitude, l’œil fixe, l’oreille au guet, jusqu’au moment où un coup violent frappé à la porte extérieure de l’hôtellerie, l’obligea de se lever pour aller l’ouvrir. Aussitôt la cuisine fut inondée d’une foule d’hommes en habits rouges, qui s’y précipitèrent avec autant d’impétuosité, que s’ils avoient eu dessein de prendre la maison d’assaut.

L’aubergiste se vit alors contraint de quitter son poste, pour servir de la bière à ses nombreux hôtes, qui en demandoient à grands cris. À son second, ou à son troisième retour de la cave, il trouva M. Jones debout, devant le feu, au milieu des soldats ; car on peut croire aisément que l’arrivée d’une pareille compagnie, devoit réveiller quiconque ne dormoit pas de ce sommeil léthargique, dont nous ne serons tirés que par la trompette du jugement dernier.