Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 2.djvu/192

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tons tous les traits de notre ouvrage, sans nous astreindre à citer toujours la page qui nous sert d’autorité.

Les spectateurs se comportèrent autrement que le lieutenant. Ils suspendirent leur curiosité, à l’égard de l’enseigne, qu’ils se flattoient de voir bientôt dans une attitude plus propre à l’exciter. Le malheureux étendu tout sanglant sur le carreau, fut l’unique objet de leur attention et de leur intérêt. On le releva, on le plaça dans un fauteuil, où il ne tarda pas à donner des signes de vie. Dès qu’on s’en aperçut, car dans le premier moment on l’avoit cru mort, chacun se mit à proposer son ordonnance. En l’absence d’un membre de la docte faculté, tous les assistants s’érigèrent en docteurs.

La saignée fut l’avis général. Par malheur, il ne se trouvoit personne sous la main, pour faire l’opération. Tous s’écrièrent qu’il falloit aller chercher le barbier ; mais aucun ne bougeoit de sa place. On prescrivit encore, sans plus d’efficacité, différents cordiaux. Enfin l’hôte fit venir un pot de bière forte et une rôtie, disant que c’étoit le meilleur cordial de l’Angleterre.

La seule personne qui se montra secourable en cette occasion et rendit, ou parut rendre quelque service, fut l’hôtesse. Elle coupa une mèche de ses cheveux, qu’elle appliqua sur la blessure,