d’une manière convenable ; et s’il avoit été tué, il n’auroit eu, je pense, que ce qu’il méritoit. Aussi, quand des subalternes sont admis dans une compagnie de gentilshommes, ils devroient se tenir dans les bornes du respect ; mais, comme disoit mon premier mari, il en est peu qui sachent le faire. Pour moi, assurément, je n’aurois pas souffert qu’un homme de cette espèce se mêlât parmi des gens comme il faut ; mais je l’ai cru officier, jusqu’à ce que le sergent m’ait dit que ce n’étoit qu’une recrue.
— Madame, répondit le lieutenant, vous êtes dans l’erreur ; le jeune homme s’est très-bien conduit, et je le crois beaucoup mieux né que l’enseigne qui l’a si cruellement outragé. S’il perd la vie, son meurtrier aura lieu de s’en repentir ; le régiment se débarrassera d’un mauvais sujet qui fait la honte de l’armée. Comptez sur ma parole, ce misérable n’échappera point à la justice.
— Bon Dieu ! qui l’auroit cru ? Oui, oui, votre seigneurie a raison de vouloir que la justice se fasse. Elle est due à tout le monde. Un gentilhomme n’a pas le droit de tuer impunément de pauvres gens ; car ils ont une ame à sauver aussi bien que lui.
— Je vous répète, madame, que vous faites tort au jeune volontaire. J’ose affirmer qu’il est mieux né que l’enseigne.