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ses louanges. Le lieutenant n’avoit pas pris de son habileté, dans cette courte visite, l’opinion favorable que la bonne femme et tout le voisinage en avoient conçue, peut-être à juste titre ; car le docteur, quoique passablement sot, à notre avis, pouvoit n’être pas dépourvu de talent.

Tout ce que le lieutenant conclut de son docte commentaire, c’est que M. Jones étoit en grand danger. Il donna ordre, en conséquence, de resserrer étroitement Northerton, se proposant de le conduire lui-même le lendemain matin, devant le juge de paix, et de remettre le commandement de la troupe, jusqu’à Glocester, au lieutenant françois qui, bien qu’il ne sût ni lire, ni écrire, ni parler aucune langue, étoit pourtant un bon officier.

Dans la soirée, il fit dire au jeune volontaire qu’il iroit le voir, si sa visite ne lui étoit pas importune. Jones reçut cette offre obligeante avec plaisir et reconnoissance. Le lieutenant se rendit donc auprès de lui. Il le trouva beaucoup mieux qu’il ne l’espéroit. Jones l’assura même que, sans la défense expresse du chirurgien, il seroit levé depuis long-temps, se sentant en parfaite santé, et n’éprouvant d’autre incommodité de sa blessure, qu’une extrême douleur au côté de la tête où il avoit été frappé.