Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 2.djvu/216

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l’instant même, le laver d’une odieuse imputation.

M. Northerton, ainsi qu’on l’a observé plus haut, étoit pleinement satisfait de la gloire qu’il avoit obtenue par son exploit. Peut-être avoit-il vu, ou entendu dire, ou deviné que l’envie ne manque guère de s’attacher à une grande renommée. Nous ne voudrions pas insinuer ici qu’il fût disposé à croire, en païen, à la déesse Némésis et à lui rendre un culte ; car, dans le fait, nous sommes convaincu qu’il ne la connoissoit pas même de nom. Son activité naturelle répugnoit d’ailleurs à un petit séjour dans la citadelle de Glocester, où il craignoit qu’un juge de paix ne l’envoyât passer ses quartiers d’hiver. Il ne pouvoit non plus se défendre de quelques méditations chagrines sur un certain édifice de bois que nous nous abstenons de nommer, par égard pour le préjugé vulgaire, édifice plus propre à exciter chez les humains un sentiment de respect que de honte, puisqu’il est, ou du moins pourroit être presque aussi utile à la société qu’aucun autre. Enfin, sans en dire davantage, M. Northerton désiroit ardemment de s’évader ce soir-là ; il ne lui restoit plus qu’à en imaginer le moyen, qui ne paroissoit pas facile à trouver.

Ce jeune officier, de mœurs un peu corrompues, étoit bien fait de sa personne, et d’une