Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 2.djvu/236

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bare ? Je pensois que les autres alloient se saisir de lui ; mais non, ils s’entendent comme larrons en foire. Eussiez-vous été en danger de mort (ce qui n’est pas, grace à Dieu), la chose se seroit passée de même. Ils auroient laissé aller l’assassin. Que le ciel leur pardonne ! Quant à moi, je ne voudrois pour rien au monde, avoir la conscience chargée d’un pareil crime. Mais quoique avec l’aide de Dieu, vous ayez l’espoir de vous rétablir, les tribunaux sont là. Adressez-vous au procureur Small ; je vous jure qu’il aura bientôt fait déguerpir le pendard, s’il n’a déjà pris la fuite ; car de tels chenapans ne restent pas long-temps en place. Aujourd’hui ici, demain bien loin. J’espère au moins, que cet accident vous rendra plus sage, et que vous retournerez auprès de vos amis. Je gage qu’ils sont bien affligés de vous avoir perdu. Que seroit-ce s’ils étoient instruits de ce qui vous est arrivé ? Hélas ! Dieu les en préserve. Allons, allons, nous savons à merveille ce qui en est ; si l’une refuse de vous écouter, une autre ne sera pas si difficile. Un aussi joli garçon que vous ne sauroit manquer de femmes. À votre place, je laisserois la plus belle se pendre, plutôt que de me faire soldat pour l’amour d’elle… Mais, ne rougissez pas ainsi. (Il rougissoit, en effet, sensiblement.) Pensez-vous, monsieur, que je ne connoisse point mademoiselle Sophie ?