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Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 2.djvu/262

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Jones l’envoya chercher à l’instant. Le petit Benjamin instruit du nouveau rôle qu’il alloit jouer, s’y disposa comme il convenoit, et se rendit près du malade. Il prit un air si différent de celui qu’il avoit la veille, quand il portoit son bassin sous le bras, qu’on n’auroit jamais deviné que ce fût la même personne.

« Ah ! monsieur le barbier, dit Jones, vous faites plus d’un métier, à ce que je vois. D’où vient que vous ne m’en avez rien dit hier au soir ?

— La chirurgie, monsieur, répondit gravement Benjamin, est un art et non un métier. Si je ne vous ai pas dit hier au soir que j’exerçois cet art, c’est que je vous croyois entre les mains d’un autre ; et je me suis fait une loi de ne point aller sur les brisées de mes confrères. Ars omnibus communis[1]. À présent, monsieur, je vais, si vous le trouvez bon, examiner votre tête, et je vous dirai ensuite mon avis. »

Jones n’avoit pas une grande confiance dans les talents du nouveau docteur. Il lui laissa cependant lever l’appareil et visiter sa blessure : ce que Benjamin n’eut pas plus tôt fait, qu’il se mit à gémir et à secouer la tête.

« Point de simagrées, lui dit Jones avec humeur, que pensez-vous de ma blessure ? Parlez franchement.

  1. L’art est commun à tous.