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tiroit seul, si M. Jones ne lui permettoit pas de le suivre.

Jones aussi charmé de Partridge, que Partridge l’étoit de lui, avoit moins consulté dans son refus sa propre inclination, que l’intérêt de son nouvel ami. Il cessa de lui résister, lorsqu’il le vit si déterminé. « Peut-être, M. Partridge, lui dit-il en se recueillant un instant, me croyez-vous en état de vous défrayer ; dans ce cas, vous vous trompez fort. » Il prit alors sa bourse, en tira neuf guinées, et déclara que c’étoit là toute sa fortune.

« Monsieur, lui répondit Partridge, je ne compte que sur vos bontés futures, et j’ai l’espoir bien fondé de n’en pas attendre long-temps les effets. Pour le présent, je suis, je crois, le plus riche des deux. Tout ce que je possède est à votre service. Vous pouvez en disposer. Je vous demande pour unique grace, la faveur de vous suivre en qualité de domestique. Nil desperandum est Teucro duce et auspice Teucro[1]. »

Jones fut touché de cette offre généreuse, qu’il n’accepta point.

Leur départ fixé au lendemain matin, faillit être suspendu par une difficulté imprévue. Il falloit un cheval pour porter la valise de M. Jones.

« Si j’ose me permettre, monsieur, de vous

  1. Un chef tel que Teucer ne laisse rien à craindre.