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ment de ses manières. Malgré ces avantages, et beaucoup d’autres qualités précieuses, elle paroît se soumettre sans peine au genre de vie qu’elle mène. Cette résignation provient de sa prudence, et de la sagesse de son esprit. Elle est à présent aussi étrangère que son mari, aux rêveries du méthodisme ; je dis à présent, car elle avoue qu’elle fut d’abord un peu ébranlée par les arguments de son beau-frère, et qu’elle fit la dépense d’un long capuchon, pour attendre les inspirations extraordinaires de l’esprit saint ; mais après trois semaines d’essai, n’en ayant éprouvé aucune qui valût la peine d’en parler, elle mit de côté le capuchon, et abandonna la secte. Bref, elle est si bonne, si prévenante, si empressée à servir ses hôtes, qu’il faudroit être d’une humeur difficile, pour ne pas se trouver parfaitement bien chez elle.

Mistress Whitefield étoit dans sa cour, quand Jones y entra, avec son compagnon de voyage. Ses regards pénétrants découvrirent aussitôt dans la physionomie de notre héros, un air de noblesse qui le distinguoit du vulgaire. Elle donna ordre de lui préparer une chambre, et l’invita bientôt après à dîner avec elle. Il ne se fit pas prier. Fatigué, comme il l’étoit, d’un long jeûne et d’une marche pénible, il se seroit estimé fort heureux de trouver une société beaucoup moins agréable