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Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 2.djvu/284

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auroit étendu son voile noir sur l’univers, si la lune sortant de la couche mystérieuse où elle s’étoit reposée depuis le matin, pour se préparer à la fatigue d’une nouvelle veille, ne l’en eût empêchée, en montrant sa face large et rubiconde, semblable à celle de ces joyeux enfants du plaisir, qui font comme elle de la nuit le jour.

Jones s’empressa d’offrir ses hommages à cette belle planète, et se tournant vers son compagnon, il lui demanda s’il se souvenoit d’avoir vu une soirée aussi délicieuse. Comme Partridge ne répondoit point, il continua de s’extasier sur la beauté de la lune, et déclama divers passages de Milton, qui a surpassé tous les poëtes, dans la description des célestes flambeaux. Il raconta ensuite, d’après le Spectateur, l’histoire de deux amants qui, sur le point de se séparer pour entreprendre un long voyage, étoient convenus de regarder la lune à une certaine heure, se complaisant dans la pensée que tous deux s’occuperoient à contempler, en même temps, le même objet. « Il falloit, ajouta-t-il, que ces amants eussent des ames vraiment capables de sentir tout le charme de la plus sublime des passions humaines.

— Oui, répliqua Partridge ; mais je les trouverois moi, plus dignes d’envie, s’ils avoient eu des corps insensibles au froid. Je suis glacé, mon-