Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 2.djvu/350

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une triste expérience avoit prouvé qu’il n’existe d’autre moyen de salut contre l’esprit persécuteur du papisme, armé du pouvoir, que de lui ravir le pouvoir même. Vous savez de quelle manière le roi Jacques se conduisit après la victoire, le peu de cas qu’il fit de sa parole royale, du serment de son sacre, ainsi que des droits et des libertés de son peuple. Malheureusement tous les bons Anglois ne surent pas prévoir d’abord un tel manquement de foi, et le duc de Monmouth n’obtint qu’un foible appui ; mais tous sentirent le mal quand ils en furent atteints, et se réunirent enfin pour chasser ce roi, à l’exclusion duquel un grand nombre d’entre nous s’étoit opposé avec tant de chaleur sous le règne de son frère, et pour qui nous montrions alors tant de zèle et d’affection. »

« Ce que vous dites, interrompit Jones, est très-vrai, et je me suis souvent étonné, comme du phénomène le plus surprenant qu’offre l’histoire, que sitôt après une épreuve qui détermina la nation entière à s’armer contre le roi Jacques, dans l’intérêt de la religion et de la liberté, il se soit trouvé un parti assez insensé pour désirer le rétablissement de sa famille sur le trône.

— Vous ne parlez pas sérieusement, répondit le vieillard. Un tel parti ne sauroit exister. Quelque mauvaise opinion que j’aie des hommes, je