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Dans la crainte que quelques-uns de nos lecteurs ne soient plus exigeants, nous nous sommes efforcé, pour les satisfaire, de découvrir la vérité des faits. En voici le récit fidèle.

Cette dame vivoit depuis plusieurs années avec le capitaine Waters, qui servoit dans le même régiment que M. Northerton. Elle passoit pour être sa femme et portoit son nom. Cependant, comme l’avoit dit le sergent, on élevoit sur la réalité de leur mariage des doutes, que nous ne chercherons point à éclaircir dans ce moment.

Mistress Waters (nous l’avouons à regret) avoit contracté récemment avec l’enseigne Northerton une intimité qui lui faisoit peu d’honneur. Il est certain qu’elle montroit beaucoup de goût pour ce jeune officier ; mais le sentiment qu’il lui inspiroit l’entraînoit-elle au-delà des bornes du devoir ? C’est ce qui n’est pas aussi prouvé, à moins de supposer qu’une femme ne puisse accorder quelques faveurs, sans les accorder toutes.

La compagnie du capitaine Waters, qui avoit deux jours d’avance sur celle de Northerton, arriva à Worcester le lendemain de la malheureuse querelle de M. Jones et de l’enseigne.

Mistress Waters étoit convenue avec le capitaine, de l’accompagner jusqu’à Worcester. Là elle devoit prendre congé de lui, et s’en retourner à Bath, pour y demeurer jusqu’à la fin de la