— Au diable votre Milton ! S’il avoit l’impudence de me dire en face pareille sottise, quelque grand qu’il soit, je le gourmerois d’importance. Votre patience ! vraiment, c’est bien à moi qu’il faut de la patience, pour me laisser traiter, à mon âge, comme un écolier. Croyez-vous qu’on n’ait de l’esprit que quand on a été à la cour ? Peste ! l’État seroit dans une belle passe, s’il n’y avoit de gens sensés qu’une poignée de puritains et de rats d’Hanovre[1]. Morbleu ! j’espère que le moment n’est pas loin, où nous prendrons notre revanche, et où chacun jouira de ses droits, voilà tout, où chacun jouira de ses droits. Oui, ma sœur, je me flatte de voir cet heureux moment, avant que les rats d’Hanovre aient mangé tout notre blé, et ne nous aient laissé pour nourriture que des turneps.
— En vérité, mon frère, ceci passe mon intelligence. Je ne sais ce que vous entendez par vos turneps et vos rats d’Hanovre.
— Dites plutôt que vous ne vous souciez pas de me comprendre. Quoi qu’il en soit, la cause nationale peut triompher un jour ou l’autre.
— Vous feriez mieux, mon frère, de vous occuper un peu plus de votre fille qui court, croyez-moi, plus de danger que la nation.
- ↑ Fielding écrivoit sous le règne de Georges II, électeur d’Hanover, qui montroit une grande prédilection pour ses sujets d’outremer.Trad.