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avant de faire avec toi un pas de plus, nous croyons devoir te donner quelques avis salutaires, pour t’empêcher de commettre, à notre égard, les grossières méprises où sont tombés les commentateurs de cet illustre poëte.

D’abord, ne te hâte point de condamner certains incidents de cette histoire, comme déplacés, ou étrangers à notre but principal, parce que tu n’en saisis pas tout de suite l’enchaînement. On peut considérer cet ouvrage comme une vaste création de notre génie ; et ce seroit de la part d’un chétif critique, d’un reptile tel que toi, le comble de la présomption et de l’absurdité, d’oser en censurer les moindres détails, sans connoître l’ordonnance de toutes les parties, et avant d’être arrivé au dénoûment. Nous convenons que la métaphore dont nous venons de nous servir, est un peu ambitieuse ; mais en vérité, il n’en existe point d’autre pour exprimer l’intervalle qui sépare un auteur du premier ordre, d’un critique du dernier.

En second lieu, ne te figure pas qu’il y ait une ressemblance trop marquée entre quelques-uns de nos personnages, par exemple entre l’hôtesse du septième livre et celle du neuvième. Tu dois savoir que presque tous les individus de la même profession, ont des traits communs et caractéristiques. Il n’appartient qu’à un auteur judicieux