— Ainsi, s’écria le commis de l’accise, vous sacrifieriez votre religion à votre intérêt, et vous voudriez voir le papisme rétabli parmi nous ?
— Non vraiment, répondit l’autre. Je hais le papisme autant que personne ; mais pourtant c’est une consolation de penser qu’on pourroit vivre sous son empire : ce qu’il seroit impossible de faire sous celui des presbytériens. On estime avant tout son gagne-pain, il faut en convenir. Soyez sincère, vous ne craignez rien tant que de perdre votre place ; mais rassurez-vous, mon ami, il y aura une accise sous un autre gouvernement, comme sous celui-ci.
— Assurément, répartit le commis, je serois un méchant homme, si je n’honorois pas le roi dont je mange le pain. C’est un devoir pour moi de lui demeurer fidèle : et puis, à quoi me serviroit qu’il y eût une accise sous un autre gouvernement ? Mes chefs seroient privés de leurs emplois, et je devrois m’attendre à subir le même sort. Non, non, mon ami, je ne renoncerai jamais à ma religion pour garder ma place sous un autre gouvernement. Loin d’y gagner, je ne pourrois qu’y perdre.
— C’est précisément ce que je dis, s’écria l’hôte. Qui sait, après tout, ce qui peut arriver ? Morbleu ! ne serois-je pas un sot de prêter mon argent à un aventurier qui me le rendra, Dieu