la reine des fées n’avoit pas mieux présumé de votre galanterie, j’ai peine à croire qu’elle vous eût donné rendez-vous ici. »
Jones ne s’étoit jamais senti moins de disposition à une intrigue qu’en ce moment ; mais la galanterie avec les femmes entroit dans ses principes d’honneur. Il se croyoit aussi obligé d’accepter un défi amoureux, qu’un cartel. L’intérêt même de sa passion lui commandoit de ménager la dame au domino, par le moyen de laquelle il espéroit retrouver sa Sophie.
Il commençoit donc à répondre avec beaucoup de feu à ses dernières paroles, lorsqu’un masque en costume de vieille vint les joindre. C’étoit une de ces femmes qui ne vont au bal masqué que pour y exercer leur méchanceté naturelle, pour dire aux gens de dures vérités, et gâter de tout leur pouvoir le plaisir d’autrui. Ayant remarqué Jones et sa compagne qu’elle connoissoit à merveille, en conférence intime dans un coin de la salle, elle imagina qu’elle ne pouvoit trouver une plus belle occasion de satisfaire sa maligne humeur, qu’en troublant leur tête-à-tête. Dans ce dessein, elle les attaqua, et les eut bientôt chassés de leur retraite. Non contente de ce premier succès, elle les poursuivit dans tous les lieux où ils cherchoient à l’éviter. Enfin Nightingale, témoin de la détresse de son ami, vint à