ou me pardonnerez-vous de soupçonner qu’un autre…
— Milord, répondit Sophie avec vivacité, je ne vous dois aucun compte de mes sentiments. Je vous rends grace des offres brillantes que vous m’avez faites. Elles surpassent, je l’avoue, mon mérite et mes espérances ; cependant, milord, je vous déclare que je ne puis les accepter, et je me flatte que vous me dispenserez de vous expliquer les motifs de mon refus. »
Lord Fellamar fit à Sophie une longue réponse peu intelligible, soit qu’elle péchât contre la grammaire, ou qu’elle fût dépourvue de sens. Il la termina en disant que, si miss Western avoit disposé de son cœur en faveur de quelque gentilhomme, tout malheureux que le rendroit cet engagement, il se croiroit obligé en honneur à se désister de ses prétentions. Le lord appuya sans doute avec trop d’affectation sur le mot gentilhomme : nous ne pouvons expliquer autrement l’indignation de Sophie, qui montra dans sa réponse le vif ressentiment d’une injure.
Tandis qu’elle parloit d’un ton de voix plus élevé que de coutume, mistress Western entra, le visage en feu, les yeux étincelants de colère. « Je suis honteuse, milord, dit-elle, de l’accueil qu’on vous fait ici. Croyez qu’il n’y a personne parmi nous qui ne soit sensible à l’honneur de