Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 4.djvu/433

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heur avec plus de courage, lui donnant de nouveau sa parole de tout tenter pour l’adoucir. Blifil se déclara indigne de sa générosité, s’épuisa en témoignages de reconnoissance, et promit enfin d’aller chercher sans délai un autre logement.

Jones retourna auprès de son oncle qui l’instruisit de la découverte qu’il avoit faite au sujet des billets de banque de cinq cents livres sterling. « J’ai proposé, lui dit-il, la question à un avocat. Il m’a répondu, à ma grande surprise, qu’il n’y avoit point de peine établie par les lois pour une fraude de cette espèce. Cependant quand je considère la noire ingratitude du coquin envers vous, un voleur de grand chemin me paroît, en comparaison de lui, presque innocent.

— Bon Dieu ! s’écria Jones, est-il possible ? Cette nouvelle me pénètre de douleur. Je croyois Black Georges le plus honnête homme du monde… La tentation étoit trop forte pour qu’il pût y résister ; car il m’a remis fidèlement de moindres sommes. Souffrez, mon cher oncle, que je voie dans son action une preuve de foiblesse, plutôt que d’ingratitude. Le pauvre garçon m’aime, j’en suis sûr. Il m’a donné des marques d’attachement que je ne puis oublier. Je crois même qu’il s’est repenti de ce qu’il a fait. Il n’y a pas plus d’un jour ou deux, au moment où mes affaires sembloient le plus désespérées, il est venu me