Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 4.djvu/444

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ardeur à laquelle il n’avoit pas osé se livrer auparavant.

Western qui écoutoit depuis quelque temps à la porte, entra brusquement dans la chambre en criant comme un vrai chasseur : « Pille ! pille ! mon garçon, tiens ferme ; c’est ça, de petites caresses, c’est ça. Eh bien ! êtes-vous d’accord ? A-t-elle fixé le jour, mon garçon ? Sera-ce demain, ou après-demain ? Je ne veux pas que ce soit une minute plus tard qu’après-demain, entendez-vous ?

— De grace, monsieur, dit Jones, que je ne sois pas la cause…

— Imbécile ! je te croyois plus de cœur. Quoi ! tu te laisses arrêter par des ruses de femme ? Tout cela n’est que simagrée, c’est moi qui te le dis. Morbleu ! elle t’épousera dès ce soir, et de tout son cœur, n’est-ce pas, Sophie ? Allons, conviens-en, sois franche une fois dans ta vie. Es-tu muette ? Pourquoi ne réponds-tu pas ?

— Qu’ai-je besoin de répondre, mon père, puisque vous paroissez si bien instruit de mes sentiments ?

— Oh ! c’est parler, ça. Ainsi donc, tu consens ?

— Non, mon père, je n’ai point donné mon consentement.

— Eh ! ne veux-tu pas l’épouser demain, ou après-demain ?