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affaire qui le regardoit particulièrement. Vous-même, vous devez en convenir et vous en conviendrez, vous n’aviez en vue que son intérêt. Si son sentiment a différé du vôtre, s’il s’est mépris sur la route du bonheur, voulez-vous, mon frère, pour peu que vous aimiez votre fils, l’éloigner du but encore davantage ? Il a fait un mauvais choix, d’accord : voulez-vous en accroître les fâcheuses conséquences ? Son malheur est douteux : voulez-vous le rendre certain ? Enfin, mon frère, pour le punir de vous avoir mis dans l’impossibilité de le faire aussi riche que vous le souhaitiez, voulez-vous le faire aussi misérable que vous le pouvez ? »

Saint Antoine de Padoue[1], par un miracle de la foi, vint à bout, dit-on, de convertir les poissons. Orphée et Amphion firent davantage. Le charme de leurs accords rendit sensibles les objets même inanimés : c’étoient de grands enchanteurs ; mais ni l’histoire ni la fable ne rapportent aucun exemple du triomphe de la raison sur l’avarice.

M. Nightingale n’essaya point de répondre à

  1. On lit dans la vie de saint Antoine de Padoue, qu’irrité de l’indifférence des hérétiques pour la parole de Dieu, il se rendit un jour à l’embouchure de la Marechia, dans le golfe de Venise, et y adressa un discours pathétique aux poissons, qui, à sa voix, accoururent en foule, se rangèrent en bon ordre devant lui, et l’écoutèrent avec la plus grande attention. Ce singulier discours, où sont retracés tous les bienfaits du ciel envers les poissons, se trouve aussi dans le voyage du célèbre Addison en Italie.Trad.