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exécuta dans la chapelle des Comtes à Courtrai des portraits que nos modernes restaurateurs ont anéantis ; Jacques Cavael d’Ypres qui dore le Beffroi, étoffe le faîte du campanile de diverses couleurs, couvre de semis d’or et de dessins vermillons les murs, voûtes et fenêtres de la Petite Halle, enlumine des statues, peint des écussons, armoiries et bannières et en 1397 exécute deux tableaux : un saint Christophe et une Annonciation, malheureusement perdus. Un fait, pour nous, domine la biographie de Cavael.



La Paye des Maçons
Fragment du Retable de Haekendover, près de Tirlemont.
Groupe en bois. Fin du XIVe siècle

Il fit en 1399 le voyage d’Italie et travailla avec deux de ses élèves à la décoration de la cathédrale de Milan. Rentré à Ypres il s’engagea en 1400 à peindre gratuitement les bannières, banderolles et patrons d’habillement des magistrats yprois, à condition qu’on le nommât peintre de la ville ! Que pouvait-on refuser à un homme aussi généreux et qui avait traversé les Alpes ? On lui accorda son titre ; il lui fut même permis de prendre le costume d’officier de la cité. Il mourut probablement en 1406.[1]

Aucune œuvre ne nous est parvenue de ce maître si occupé, non plus que de Jean de Woluwe et de Jean de Hasselt. Impossible de déterminer leur action dans le développement de la peinture. Il n’en est pas de même d’un autre maître yprois dont le nom connaît dans l’érudition artistique une renommée universelle : Melchior Broederlam. De celui-ci nous possédons une création capitale : le retable de Dijon, borne précieuse dans le champ trop nu de la peinture septentrionale du XIVe siècle. L’œuvre est conservée en France ; mais la carrière de Broederlam se déroula presque tout entière en Flandre et c’est pourquoi je vous demande de nous y attarder tout de suite.

  1. Cf. Dehaisnes. Op. cit. p.159, 160, 162, 581 et Alphonse Wauters : Les commencements de l’ancienne école de peinture antérieurement aux Van Eyck (Bull. de l’Acad. roy. de Belg., 1883, p. 317).