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Broederlam est le type accompli de l’artiste du XIVe siècle, plutôt ouvrier d’art, appliquant sa conscience aux « menues besognes » du peintre



Une Sainte
Fragment du Retable de Haekendover, près de Tirlemont. Statuette en bois. Fin du XIVe siècle.
et du dessinateur industriel aussi bien qu’aux travaux du créateur. Les recherches de MM. de Laborde, Pinchart, Michiels et surtout du chanoine Dehaisnes permettent une esquisse de sa carrière.[1] Il était, croit-on originaire d’Ypres ; en tout cas c’est là que s’écoula presque toute sa laborieuse existence. Les documents l’appellent tantôt Broederlain, tantôt Broedlain ; mais Broederlam est son vrai nom. On a retrouvé le sceau du maître : un aigle tenant un écu qui porte en pointe un agneau (lam) et une sorte de gâteau (broed). Et ces armes vivantes s’accompagnaient des deux mots : Melchior Broederlam.

L’artiste fut nommé « pointre » de Monseigneur Louis de Mâle en 1381 et la même année il peignit cinq sièges sculptés destinés à l’hôtel comtal. Un an plus tard — l’année de Roosebeeke — il décorait des bannières et des étendards. En 1384 un mandement lui conférait le titre de peintre et valet de chambre de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. Une pension annuelle de 200 livres lui fut allouée qui s’éleva à 240 sous le règne de Jean sans Peur. Le duc Philippe ne l’entraîna point dès le début dans les sphères du grand art. En 1386 Melchior restaura, au château de Hesdin, les fameux

  1. Quatre mentions dans l’ouvrage de de Laborde : Les ducs de Bourgogne. Paris 1849. Cf. aussi sur Broederlam, Michiels : L’Art flamand dans l’Est et le Midi de la France, Ch. II ; les renseignements fournis par Alph. van den Peereboom : Annales de la Société arch. d' Ypres, t. III, p. 175 ; cf. surtout les nombreuses mentions de Dehaisnes op. cit.