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Des œuvres conservées de Jean Van Eyck, il nous reste à décrire le
Jean Van Eyck
Portrait de Judocus Vydt
Volet du retable de l’agneau
(Musée de Berlin)

portrait de sa femme, qui est au musée de Bruges. Sur le haut du cadre on lit : Conjux mens Johes me complevit año 1439, 17 Iunii. Et sur la bordure inférieure : Etas mea triginta triû añorû. Als ikh kan. Ce portrait appartenait autrefois à la corporation des peintres et des selliers et décorait la chapelle de cette gilde, bâtie en 1452 et devenue la chapelle des sœurs « ligouristes » dans la Noordzandstraet à Bruges. Un portrait perdu de Jean Van Eyck servait de pendant à celui de sa femme ; ce dernier fut trouvé au Marché aux Poissons de Bruges en 1808 par M. Pierre Van Lede qui en fit don au musée.[1]

Ce chef-d’œuvre suprême a provoqué les plus étranges commentaires psychologiques. Dans cette jeune femme de trente-trois ans, aux chairs blanches, délicatement rosées, aux cils blonds, aux imperceptibles sourcils d’or, — les blondes seules étaient belles aux yeux des Flamands d’autrefois — on veut voir à tout prix une bourgeoise pincée, désagréable, hautaine, monacale, embéguinée… Les bonnes âmes plaignent son mari et imaginent que Jean Van Eyck à ses côtés menait une existence sans joie et sans air ! Et ceux qui accordent à sa femme un regard franc, une expression loyale, assurent

  1. Weale. Exposition des Primitifs flamands. Catalogue, p. 6.