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une affaire superbe. Ne manquez pas une pareille occasion, » répliqua cet expert étonnant « un tel prix n’est que l’effet d’une sorte d’enthousiasme pour les pièces antiques. »


Photo Hanfstaengl
Jean Van Eyck
Les Anges chanteurs
Volet du Retable de l’Agneau
(Musée de Berlin)

On peut facilement imaginer l’extraordinaire conversation qu’entendirent les murailles de la Chapelle Vydt. Qu’on lise seulement la lettre révélatrice publiée par le Chanoine Van den Gheyn et conservée à l’évêché de Gand. Le goût de l’époque, disons-le, y est bien plus dénoncé que le béotisme ou la soi-disant avidité des marguilliers. L’église de Saint-Bavon était fort pauvre et la lettre du vicaire général se termine par le tableau de la détresse où se trouvait la Cathédrale…

Nieuwenhuys eut donc les volets dans le délai prescrit par son ultimatum. Mais le peuple gantois eut un mouvement de révolte. L’Adoration était un palladium sacré. On le vit bien en ces tristes heures. Dès que le troc fut connu Gand se souleva. Quelques amis des « pièces antiques » déposèrent une plainte. Une descente de justice fut opérée chez le brocanteur ; on ne trouva rien. Pendant que la justice instruisait, le Hollandais, né malin, avait fait sortir clandestinement les six panneaux de