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peinture, comme le dit Hegel, est le centre de l’art chrétien, le polyptyque de Gand est le centre de la peinture chrétienne. Le génie de deux maîtres, le talent d’une famille de disciples unis étroitement suivant le saint usage des ateliers d’autrefois, — il ne fallait rien moins pour réaliser sans défaillance ce poème alléluiatique. Moyennant cette association de forces soumises à la discipline des croyances familières, la Beauté, comme le veut Platon, retrouvait le Créateur.

Nous ne connaissons plus, nous ne voulons plus, nous ne pouvons plus connaître de telles victoires. Au temps béni des Van Eyck, l’art humble, attentif, scrupuleux copiait les formes, et, sans qu’il les cherchât, trouvait les forces, car l’artiste les portait en soi ; le peintre imitait l’Aspect du monde, mais il en trouvait instinctivement la Pensée, car elle était en son cœur.

Et c’est ainsi qu’à travers la résurrection d’une époque, le Retable de l’Agneau nous découvre la face de Dieu ; et c’est ainsi que l’Art, avec le concours de la Foi, fait descendre le Ciel sur la Terre.

Terminé le Dimanche de Pâques 1905.