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Page:Fierens-Gevaert - La Peinture en Belgique, volume 1.djvu/119

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même mouvement des yeux, même traitement des paupières, même pourpoint noir à manches et à col bordé de fourrure[1]. » Mais voici que les plus notoires d’entre les érudits belges contestent la ressemblance physionomique des deux portraits[2]. L’attribution même du chevalier de Bruxelles à Roger van der Weyden n’a plus rien d’affirmatif ; le nom de van der Goes a été plusieurs fois prononcé. On est tenté plutôt de trouver au noble archer bruxellois des ressemblances avec le Grand bâtard de Bourgogne dont il existe deux portraits, (l’un à Chantilly très intéressant, l’autre à Dresde, très mauvais), d’après une œuvre perdue que l’on met généreusement au compte de Roger. Il faut bien noter aussi que le Philippe de Croy, du Musée d’Anvers, (jadis Thomas Portinari) a un air de famille très prononcé avec le pseudo Charles le Téméraire de Bruxelles. Comment s’y retrouver ? Il existe en outre au Musée d’Anvers un Homme à la flèche donné à l’école française, dont on voudrait également enrichir cette série de portraits bourguignons exécutes d’après Roger van der Weyden, parce que cet archer anversois paraît dans un fragment d’une Adoration des Mages (coll. Schloss), charmant panneau où il est juste de reconnaître le pinceau du génial artiste, et aussi parce que le beau portrait présumé de Pierre Bladelin (coll. von Kaufmann) que l’on croit de l’atelier du maître, est d’une exécution semblable à celle du dit archer d’Anvers. Nous ne saurions nous étendre sur ce chapitre sans risquer d’en augmenter la rare confusion. En attendant quelque découverte précise, il convient de se montrer circonspect : Raison l’enseigne assure la devise d’un portrait de l’Académie de Venise attribué également — encore une attribution ! — à l’illustre peintre de Bruxelles.

Roger van der Weyden mourut à Bruxelles le 18 juin 1464 et fut enterré à Sainte-Gudule, devant l’autel de Sainte-Catherine. Une messe pour le repos de son âme fut célébrée également à Tournai. L’année de sa mort, le compte de la corporation des peintres tournaisiens porte la mention : « Payet pour les chandelles qui furent mises devant saint Luc à cause du service de maître Rogier de la Pasture, natif de cheste ville de Tournay, lequel demoroit à Bruxelles, pour ce IIII gros 1/2 »[3]. Roger n’avait point cessé d’entretenir des relations de tout genre avec la ville des « Choncq Clotiers » ; en octobre 1435 il y avait acheté des rentes viagères pour sa femme, ses enfants Corneille et Marguerite et pour lui-même[4]. Le 16 avril 1440,

  1. Seymour de Ricci. Un groupe d’œuvres de Roger van der Weyden, Gazette des Beaux-Arts, septembre 1907.
  2. A.-J. Wauters. Catalogue
  3. Cf. Hocourt, op. cit., p. 9.
  4. Ibid., p. 11.