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VIII

Le Maître de Flémalle

Découvert par MM. Hymans et A.-J. Wauters, définitivement lancé par M. von Tschudi en 1898, ce maître puissant a pris une place importante dans l’art flamand du XVe siècle, à côté de Roger van der Weyden, son grand contemporain. C’est un artiste de premier ordre, si pas un créateur génial ; son archaïsme est plus marqué que celui de Roger et dépourvu de passion dramatique ; exception faite pour sa Madone grandiose de l’Institut Staedel, on ne lui voit nulle part le lyrisme tout en béatitudes et en surhumaines passions du peintre insigne des Dépositions de Croix. Ses mérites sont dans une facture ferme, positive, d’une plasticité toute sculpturale qui justifierait à elle seule les recherches de l’érudition moderne sur cet impeccable technicien ; ils sont aussi dans une charmante intelligence du décor et des accessoires. Primitif par la composition et l’ordonnance, il est plus moderne que Roger van der Weyden par l’atmosphère de réalité et de vie pittoresque de ses intérieurs. C’est un conteur délicieux, amoureux des vieilles méthodes et qui s’abandonne parfois à des bavardages exquis, comme le feront les peintres du début du XVIe siècle. Sa célèbre Annonciation de la collection de Merode à Bruxelles (Fig. XLI) nous livre à cet égard tous les secrets de son tempérament ; c’est autour d’elle qu’on groupe ce que l’on croit avoir conservé de sa production ou de son école ; c’est elle que l’on évoque avant tout en abordant l’étude de son œuvre.