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Page:Fierens-Gevaert - La Peinture en Belgique, volume 1.djvu/151

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De la Trinité en grisaille, peinte au revers du diptyque de Flémalle dérivent deux peintures conservées en Belgique : l’une au Musée communal de Louvain (Fig. XLIV), l’autre au Musée de Bruxelles. Dans les deux tableaux, Dieu le Père, revêtu d’habits ecclésiastiques, tient le Christ mort sur ses genoux. Le Saint-Esprit et quatre anges portant les instruments de la Passion entourent le trône du Très-Haut[1]. Le tableau de Louvain est celui dont la facture se rapproche le plus de celle du maître, telle qu’elle se manifeste notamment dans l’Annonciation de Merode et la Vierge de Somzée. L’œuvre, par malheur, n’est point restée intacte et il y a quelque témérité, pensons-nous, à y voir une production originale. Le tableau de Bruxelles, d’exécution assez médiocre, est une variante de proportions réduites qui provient également de Louvain. Les deux œuvres ont été attribuées en dernier lieu à Colin de Coter, un artiste de la fin du XVe siècle et du commencement du XVIe que l’on tient pour un élève du Maître de Flémalle. D’autres répliques de la Trinité existent au Louvre et à Saint-Pétersbourg.

L’Institut Staedel possède encore du Maître de Flémalle une figure du Mauvais Larron avec deux légionnaires sous sa croix. Le panneau est coupé de telle sorte qu’en ne voit plus que le larron et la partie supérieure des soldats. Ce fragment provient d’un triptyque dont le centre représentait la Crucifixion. L’original mesurait environ 4 mètres de large et 2 mètres de haut (volets déployés). D’aucuns estiment que ce devait être le chef-d’œuvre de l’artiste. En tout cas, cette Crucifixion fut souvent reproduite. L’ensemble nous est connu par une petite copie, de facture détestable malheureusement, que conserve la Royal Institution de Liverpool. Les armes de Bruges figurent au bas de cette réplique. Fait curieux : Bruges possède une œuvre fort intéressante qui répète, avec les larrons, divers groupes de la Crucifixion perdue ; c’est un ensemble des environs de 1500, représentant le Portement de Croix, le Crucifiement et la Déposition de Croix faussement attribué à Gérard van der Meire (Cathédrale Saint-Sauveur, Fig. XLIII). « La tête du mauvais larron a été changée. Par contre, le personnage debout au pied de la croix de ce dernier (celui qui porte la main sur la poitrine) est, lui aussi, emprunté au Maître de Flémalle[2] ». Ces armes de la vieille cité peintes sur la réplique de Liverpool, ces réminiscences d’une œuvre perdue dans un tableau de l’église Saint-Sauveur, donnent à croire que l’original de la Crucifixion se trouvait jadis à Bruges même. Signalons aussi que la même cathédrale de Saint-Sauveur conserve dans sa sacristie un petit tableau d’allure archaïque mais très précieusement peint vers 1440 ou 1450 : La sainte Vierge intercédant pour le donateur qui montre

  1. Cf. la Trinité en marbre représentée sur la cheminée du panneau de Madrid montrant sainte Barbe.
  2. Cf. Hulin, Catalogue, no 120.