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tyque pour la salle du Conseil (œuvre terminée en 1472, recouverte d’un châssis historié par Stuerbout, garnie de ferrures par Josse Metsys, restaurée en 1543, puis perdue) ; 2o d’une peinture composée de quatre parties qui devaient orner une « chambre de portraictures et de peintures » een sale of camere te setlene van porteratueren ende scilderien[1]. — Cette dernière commande n’a point été terminée ; Bouts n’en acheva que deux parties — ce sont les grandes compositions qui racontent la Légende d’Othon et que conserve le Musée de Bruxelles. Les panneaux furent achetés à Anvers, à la foire de Saint-Bavon et transportés par eau à Louvain. Jean van Haecht, professeur de théologie à l’Université, indiqua les sujets au peintre et fut amplement félicité et rétribué[2].

La légende interprétée par maître Thierry avait été racontée à la fin du XIIIe siècle par Godefroid, évêque de Viterbe; elle était fort répandue au moyen âge, tout comme l’histoire du rigoureux justicier Herkenbald évoquée par Roger van der Weyden dans ses tableaux de l’hôtel de ville de Bruxelles. Les magistrats de Louvain voulaient, eux aussi, que de saisissantes compositions tinssent leurs consciences éveillées. Ils firent visite à l’artiste, dans son atelier, avant que les peintures ne fussent achevées et pour témoigner de leur satisfaction lui offrirent un pot de vin au nom de la ville. Les deux chefs-d’œuvre restèrent à l’Hôtel de ville de Louvain pendant trois siècles et demi. Ils étaient dignes d’un tel cadre. On les avait fixés dans la boiserie et de longues inscriptions flamandes versifiées en 1678 les commentaient. Restaurés en 1628 par un artiste appelé Daniel Nobiliers, qui reçut 450 florins, ils tombèrent au XVIIIe siècle dans un discrédit tel que le nom du peintre fut oublié. Celui-ci ressuscita sous le nom de Stuerbout en 1833… Les peintures avaient attiré l’attention du roi des Pays-Bas, et voici en quels termes leur histoire à partir de ce moment est racontée par l’homme le mieux placé pour la connaître[3] : • En 1827 ils furent vendus par les bourgmestre et échevins de la ville (de Louvain) à S. M. Guillaume Ier, qui en fit présent à S. A. R. le prince d’Orange. M. Nieuwenhuys fut chargé d’en effectuer le payement pour le compte de Sa Majesté et de les transporter de Louvain à Bruxelles où ils ont orné le Palais ducal[4] jusqu’en 1841, époque à laquelle ils ont été envoyés à La Haye… Après le décès de S. M. Guillaume II, sa

  1. Cf. Van Even. Ancienne École de peinture, p. 186. note I.
  2. Pour l’identification des deux compositions achevées avec les tableaux de justice conservés au Musée de Bruxelles, nous nous inclinons encore une fois devant l’opinion de Van Even. Il est à remarquer toutefois que les comptes de la ville de Louvain mentionnent la somme de six florins donnée à Maître Jan van Haecht, pour le payer d’avoir trouvé le sujet et les personnages du tableau que la ville fit exécuter par Diericke Sluerbout. Cf. Ancienne École de peint. p. 183 note a.
  3. Nieuwenhuys. Remarques sur quelques tableaux historiques, p. 10.
  4. Aujourd’hui Palais des Académies.