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Page:Fierens-Gevaert - La Peinture en Belgique, volume 1.djvu/196

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94 LES PRIMITIFS FLAMANDS

Cbrist-Church d'Oxford conserve un débris. Nous inclinons à le croire (i) à cause de la beauté des expressions et de la valeur pathétique des visages. Les répliques de celte Descente de croix perdue sont particulièrement nombreuses en Belgique (église Saint-Pierre à Louvain, église Sainte-Barbe à Gand, église des Pères Capucins à Bruxelles, collection Hulin à Gand, musée de Gand, musée de Tournai, puis encore à Liège, à Nivelles, à Furnes). La meilleure est celle du musée de Tournai (Fig. LXIII), sur fond d'or, assez colorée et assez ferme, et que le catalogue attribue à Roger van der Wcyden.

Hugo van der Goes fut doyen de sa gilde de la Noël 1473 à la Noël 1476 et il semble avoir produit un assez grand nombre d'œuvres pendant les années qu'il vécut à Gand. Van Mander et van Vaernew»yck signalent de lui à Saint-Jacques une Vierge et l'Enfant Jésus; au couvent des Carmes : une Légende de sainte Cathe^- rine ; au béguinage de Poortakker : un diptyque représentant une Sainte Famille et la Tribu de Juda, puis des vitraux dans plusieurs édifices. « J'ai souvent con- templé la Vierge de Saint-Jacques, dit van Mander. Il fallait surtout admirer la grâce pudique du visage de Marie, car cet ancien excellait à donner aux saints per- sonnages une pieuse dignité >'. Mais une oeuvre peinte par van der Goes, à Gand, surpassait toutes les autres en célébrité. On la voyait dans une maison particulière entourée d'eau près du Muyde Brugsken ; elle était peinte à l'huile sur le mur, au-dessus d'une cheminée, et retraçait l'histoire d'Abigaïl, femme de Nabal. Les vieux chroniqueurs ont recueilli la tradition suivant laquelle van der Goes avait représenté sous les traits d'Abigaïl une jeune fille à laquelle il était fiancé. Cette circonstance ne fut peut-être pas étrangère à la grande popularité de l'œuvre. Celte Histoire d'Abigaïl est perdue, mais il en existe quatre copies, une à Bruxelles (Musée des Arts décoratifs), une deuxième dans la collection Merzenich à Cologne, une troisième chez le docteur Hiilseman à Wiesbaden, et la quatrième, la meilleure, dans la galerie Novak à Prague. Essayons à l'aide de ces copies, du récit de la Bible et du témoignage des chroniqueurs, de nous repré- senter l'œuvre originale.

On sait qu'après la mort du grand prophète Samuel, David à la tête de ses partisans se retira dans le désert de Pharan et envoya dix jeunes hommes au riche Nabal qui possédait trois mille brebis et mille chèvres. Mais Nabal leur refusa tout présent : « Quoi ! s'écria-t-il, j'irai prendre mon pain et mon eau, et la chair des

(i) Destrée, Joseph. Vne ptinlure à la détrempe altribuée à Hugc van der Goes. L'JIrl pamand el hollandatt novembre iÇo?- Cf. aussi F«iEDLâ!<DEi«, Jabrbucb der Kôn. preus. Kunilsammlungen. Hugo van der Goei. Sine J^acbleie, XXV, 1904. U'autris répliques de la Descente de croli soni .lu Louvre «1 à Naples.