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Page:Fierens-Gevaert - La Peinture en Belgique, volume 1.djvu/20

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parables : le Zodiaque, le Paradis terrestre et le Christ au jardin des Oliviers, qu’un écrivain français, qui ne craint pas de rendre hommage aux inspirateurs flamands de la peinture septentrionale, place au « rang des plus admirables chefs-d’œuvre de la peinture » (F. de Mély). Des réminiscences italiennes et des signes du style composite subsistent dans les Heures de Chantilly, si nouvelles pourtant par la variété des paysages et la réalité des figures, — Ève dans le Paradis nous prépare à la figure célèbre des van Eyck. Ces signes s’atténuent de plus en plus — sans disparaître complètement — dans les fameuses Heures de Turin détruites, par malheur, en grande partie dans un incendie. Les feuillets les plus importants ont donné lieu à de curieux rapprochements avec le polyptyque de Gand. On y voit des Vierges se dirigeant vers l’Agneau mystique exactement comme dans le retable des van Eyck. Dans l’enluminure la plus remarquable qui nous montre un seigneur (Guillaume IV de Bavière ?) entouré de sa suite et longeant le bord de la mer, la beauté du paysage, la minutieuse précision des personnages microscopiques du fond, la ressemblance du cheval de Guillaume IV avec celui du pseudo-Hubert van Eyck de l’Adoration, la reproduction du paysage dans la cuirasse d’un des cavaliers — sont autant de particularités qui apparentent l’auteur de cette enluminure aux maîtres de l’Agneau pascal. Sommes-nous en présence de l’œuvre d’un génial précurseur ? Est-ce l’œuvre de l’un des frères van Eyck, ou d’un de leurs collaborateurs ? Point de réponse possible, et la preuve nous échappe qui ferait des Heures de Turin le chaînon rattachant la peinture du XIVe siècle à l’art nouveau, à l’art des van Eyck.