Page:Fierens-Gevaert - La Peinture en Belgique, volume 1.djvu/207

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LES PitiniTIFS FLAMANDS lOI

inliliilée Originale cenobii "Rubeevallis in Zonia prope Briixellam in Braban- cia (O-

« En l'an du Seigneur 1482 mourut le frère convers Hugues, qui avait fait ici profession. II était si célèbre dans l'art de la peinture qu'en deçà des monts (ou des Alpes) comme on disait, on ne trouvait en ce temps-là personne qui fût son égal. J^ous avons été novices ensemble, lui et moi qui écris ces choses. Lorsqu'il prit l'habit et pendant son noviciat, parce qu'il avait été bon plutôt que puissant parmi les séculiers, le père prieur Thomas (2) lui permit mainte consolation mondaine, de nature à le ramener aux pompes du siècle plutôt qu'à le conduire à l'humilité et à la pénitence. Cela plaisait très peu à quelques-uns : — « On ne doit pas, disaient-ils, exalter les novices, mais les humilier. » — El comme Hugues excellait à peindre le portrait, des grands et d'autres, même le très illustre archiduc Maximilien, se plaisaient à le visiter, car ils désiraient ardemment voir ses peintures. Pour recevoir les étran- gers qui lui venaient dans ce but, le père prieur Thomas autorisa Hugues à monter à la chambre des hôtes et à y banqueter avec eux — « pater Thomas prier eum permitiebat hospiium cameram ascendere et ibidem cum illis convivari. '

•' Quelques années après sa profession, au bout de cinq à six ans, notre frère convers, si j'ai bonne mémoire, se rendit à Cologne, en compagnie de son frère utérin Nicolas, qui était entré comme oblat à Rouge-Cloitre et y avait fait profession, du frère Pierre, chanoine régulier du Trône et qui demeurait alors au couvent de Jéricho, à Bruxelles, et de quelques autres personnes. Comme je l'appris alors du frère Nicolas, pendant que Hugues revenait de ce voyage, il fut frappé d'une maladie mentale. Il ne cessait de se dire damné et voué à la damnation éternelle, et aurait voulu se nuire corporellement et cruellement, s'il n'en avait été empêché, de force, grâce à l'assistance des personnes présentes. Cette infirmité étonnante jeta une grande tristesse sur la fin du voyage. On parvint, toutefois, à atteindre Bruxelles, où le prieur fut immédiatement appelé. Celui-ci soupçonna Hugues d'être frappé de l'affection qui avait tourmenté le roi Saiil, et se rappelant comment il s'apaisait lorsque David jouait de la cithare il permit de faire de la musique en présence du frère Hugues, et d'y joindre d'autres récréations de nature à dominer le trouble mental du peintre.

« Malgré tout ce que l'on put faire, le frère Hugues ne se porta pas mieux,

(1) Cf. Ai.piiOMSK WAUTr.Ks. Hugues can dtr Gces, p. ix. Alph. Wauicrs devait li communication d< ctttc int^r chronique au chevalier Camberlyn d'Ainougic*. Le chroniqueur Ofhuya mourut le i" novembre iStl.

(1) ' Ce prieur a'appelait de Vouem et <tait originaire de la Campine : il fut le quinaiime prieur du couvent M cca (onctions de 1475 à 1485. Ofhuyi loue aa bonté, niaia lui reproche d'avoir pcrniik des infractions à la rê^le cf l'adminialration dea biens de I.1 communauté. ' Note d'Ai>ii. Wautsiis. H. »»iii der Gcn, p. 1 }.