Aller au contenu

Page:Fierens-Gevaert - La Peinture en Belgique, volume 1.djvu/307

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LES PRIMITIFS FLAMANDS 147

• « 

Par ordre chronologique, les deux magnifiques tableaux de justice conservés au Musée Communal de Bruges s'inscrivent en tète des œuvres de la période de maturité. « Ces tableaux ont fourni le point de départ pour la réhabilitation de Gheeraert David et l'identification de son œuvre (t). »

Peu après la révolte de la célèbre cité flamande contre Maximilien, récoutête de Bruges, Peter Lanchals, et d'autres magistrats ayant été, à tort ou à raison, accusés de prévarication furent jugés, condamnés et décapités. Les nouveaux magistrats, nommés par le roi de France, commandèrent à David deux tableaux de justice pour les rappeler à la nécessaire incorruptibilité de leur charge, comme les tableaux de Roger van der Weyden et de Thierry Bouts le faisaient pour leurs collègues de Bruxelles et de Louvain. Au lieu de raconter la triste histoire de Peter Lanchals, Gérard David exposa, en deux compositions, l'histoire du juge Sisamnès rapportée par Hérodote et que les érudits de Bruges connaissaient sans doute par une version de Valerius Maximus (2).

Dans la première composition (Fig. CXIl), Cambyse prononce son jugement sur le magistrat prévaricateur et c'est une noble et élégante figure que celle de ce roi vêtu de brocart et d'hermine qui, de ses doigts ornés de bagues, énumère les chefs d'accusation. Le juge sur son trône semble interdit, et regarde droit devant lui, tandis qu'on l'arrête. Une vingtaine de personnages assistent à la scène. Dans le fond s'ouvrent deux baies cintrées qui laissent apercevoir un carrefour de Bruges offrant une assez grande ressemblance avec la place Saint-^Jean fermée par l'ancienne Poorters looge. Sur cette place, une grande maison bourgeoise avance son perron recouvert d'un toit en voûte et l'on voit, dans cette sorte de niche, un homme remettant un sac d'or au juge. Examinons bien le décor de la scène principale. Une ornementation italienne le rehausse. A droite et à gauche du trône sont incrustés des médaillons en camaïeu avec des allégories. L'un représente l'Abondance à laquelle un homme armé d'une massue tend une pomme; l'autre montre Vénus, Cupidon et un troisième personnage qui pourrait être Marsyas. On retrouve des ornements pareils dans les miniatures florentines. Au-dessus du trône des amoretti tiennent des guirlandes de fleurs, de feuil- lages et de fruits semblables à celles que l'on remarque dans les madones attribuées

(1) HuuM- Catalogue Critique.

(1) Cf. Wealb. Srufu «( att Environ*.