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Page:Fierens-Gevaert - La Peinture en Belgique, volume 1.djvu/321

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LES PRIMITIFS FLAMANDS lS3

lion Martin et enfin dans une Transfiguration de l'église de Notre-Dame à Bruges. (Fig. CXVIII). Cette dernière œuvre n'est agréable ni comme coloris, ni comme ordonnance. Gérard David ne réalise plus la synthèse des éléments nouveaux qui affluent dans l'art. Les temps harmonieux de la maturité sont passés. Les trois apôtres du premier plan ont des attitudes mouvementées, diverses, mais gauches. Le Christ est une noble figure, mais qui semble rigide à côté des disciples agités. On retrouve dans le fond les petits personnages aux draperies classiques du Baptême de Jean des Trompes et le paysage un peu maigre peut-être, — ce qui surprend chez David, — est plein d'expression et d'une douceur comme péruginesque.

A côté de ces pages où le sentiment pathétique nouveau cherche en vain sa forme équilibrée, le maître a peint dans les dernières années de sa vie une série de petites madones adorables où toute la grâce de Bruges se concentre et se survit de la manière la plus poétique, la plus humaine. L'une de ces Vierges est au Musée de Bruxelles. (Fig. CXIX) C'est une délicieuse " petite maman >• qui donne le potage à l'enfant. Le petit Jésus est si enchanté qu'il ne veut perdre une goutte et s'apprête à lécher la cuillère... Par une baie quadrangulaire, un petit paysage où des cygnes glissent sur un étang semble la divination du Minnewater actuel. Bruges portait une dernière fois bonheur à son enfant adoptif et Gérard David peignit plusieurs versions de cette œuvrette exquise (musées de Gênes, de Strasbourg, collection Traumann à Madrid) toujours avec un égal bonheur.


Tout en perpétuant les traditions religieuses de l'art flamand, tout en s'a[[irmant dès ses premières œuvres comme le peintre de la vie contemplative, tout en s'identifian en quelque sorte avec Bruges, capitale de nos peintres gothiques, Gérard David a écouté les enseignements qui venaient d'Italie. Qu'il ait connu les voies nouvelles de l'art par un voyage au delà des Alpes ou de quelque autre manière, peu importe après tout. Il est certain que sa vision, très traditionnaliste, est comme animée de pressenti- ments et annonce les destins nouveaux de la beauté. Ce qui émerveille toujours c'*st l'extrême précision technique que le maître allie à sa large intelligence des aspira- tions de son temps ; peut-être à cet égard ce Hollandais, naturalisé brugeois. est-il en certaines pages plus près de van Eyck qu'aucun autre maître flamand. Il est hors de doute que Gérard David fut un grand miniaturiste. Il a, semble-t-il, dirigé avec sa femme un atelier d'enluminure. Les JSotizie de l'Anonyme de MorelH indiquent