Aller au contenu

Page:Fierens-Gevaert - La Peinture en Belgique, volume 1.djvu/347

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LES PRIMITIFS FLAMANDS 167

de Gérard David dont Jean Prévost a subi l'ascendant ; ce sont les mêmes tona- lités avec une certaine entente du sfumato où se développent les notions que David avait du clair-obscur. Les petites scènes du fond, retraçant les épisodes secondaires de la vie des deux saints, rappellent également le grand disciple de Memlinc. Quant à l'architecture qui leur sert de cadre, elle révèle la pénétration de la Renaissance à laquelle Durer devait d'ailleurs convertir définitivement Jan Prévost, l'année même où l'artiste montois peignait le triptyque de Riebeke.

Le diptyque du Portement de Croix (Musée des Hospices de Bruges) montre d'un côté le Christ portant le bois d'infamie et entouré de personnages grimaçants, et, sur l'autre volet, un excellent portrait de frère mineur. Au revers est peinte une tête de mort dans une niche. — L'esprit macabre et fantaisiste de l'artiste reparaît dans le curieux diptyque du Musée communal de Bruges : Le Vieillard et la Mort (Fig. CXXVIII). Derrière une table, un vieillard est assis, la main droite posée sur un livre de comptes, la main gauche tenant un reçu. La Mort lui présente de l'argent et a l'air d'attirer son attention sur le contenu du billet. Derrière la Mort se tient un jeune homme. Cette œuvre énigmatique est inspirée des Banquiers, des Peseurs d'or mis à la mode par Quentin Mctsys. Il a été impossible de déchiffrer d'une manière satisfaisante le texte du reçu remis par le vieillard au squelette. — Les revers de ce diptyque représentent le donateur protégé par saint Jean l'Aumônier (?) et la donatrice protégée par sainte Godelieve.

Le Jugement Dernier du Musée Communal de Bruges fut peint en i525 pour la salle échevinale de l'Hôtel de Ville. « Il paraît que Prévost y avait introduit, parmi les réprouvés, quelques figures d'ecclésiastiques, car, en i55o le magistrat de la ville chargea Pierre Pourbus d'effacer de ce tableau un char contenant des ecclésiastiques entraînés vers l'enfer » (i). C'est le seul tableau de Jean Prévost qui soit d'authen- ticité certaine. Le maître avdit déjà, semble-t-il, traité le même sujet une quinzaine d'années plus tôt dans un Jugement Dernier de la collection Ruffo de Bonneval (2). Mais son style s'est considérablement assoupli dans l'œuvre du Musée Communal, surtout en ce qui concerne le traitement du nu. L'œuvre de i525 au surplus manque d'unité et le caractère dominant est cette sorte d'incohérence dans le choix des éléments qui se rencontre trop souvent dans les tableaux de nos artistes italianisés du début du xvi' siècle. Derrière un autel en style renaissance s'ouvre le portail gothique du Paradis ; les types féminins font songer aux visages ingénus de Gérard David et l'on

(1) WsALE' Brugts d us envirom, p. 65-

(i) Une réplique du JugtmtM Dernier de Brugei e«t coneervic dan* la collection voa Wabir-