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224 ^'^^ PRIMITIFS FLAMANDS

de Munich et qui sont d'un maître de premier ordre. La Prédication relève d'une autre esthétique et traduit des visions fort différentes ; quoique finement traitée, on ne peut y voir la création d'un grand artiste. La chouette ne prouve rien ; de nombreux petits maîtres l'ont utilisée. Reste la physionomie mosane de l'œuvre. Nous pensons que la Meuse a peu de chose à voir avec les fonds montagneux et bleuâtres peints par tous les « Flamands » dès le commencement du XVI* siècle. Pour nous Blés est un artiste supérieur au peintre panoramique de cette Prédication. De ce dernier maître nous citerons encore en Belgique un beau paysage de la collection Cavens et un singulier tableau symbolique du Musée d'Anvers (non encore catalogué) où reparaissent les collines bleues, le ciel presque rosé et les montagnes fantastiques du tableau de Bruxelles.

Le côté étrange et presque fabuleux des scènes religieuses que Henricus Blesius présentait dans des architectures où le gothique le plus flamboyant se mêlait à une Renaissance très fleurie et très fantaisiste, impressionna, semble-l-il, très vivement ses contemporains- Lui-même avait trouvé des exemples de types étranges et de construc- tions visionnaires chez Metsys, Gossart, — sans compter Bosch. Sa formule qu'il exprimait généralement sous un petit format, — tel est du moins notre sentiment, — fut adoptée par plusieurs artistes qui vécurent à Anvers et à Bruxelles entre i520 et i55o On croit que la personnalité principale de ce groupe fut Dirk Vellert, très bon dessinateur et coloriste. L'adoration des Mages, telle qu'elle est traduite dans le petit triptyque du Musée d'Anvers, devient comme une sorte de parangon pour ces maîtres. Ils l'interprètent presque toujours en l'agrandissant, mais on reconnaît les caractères de Blesius : figures élancées, vêtements compliqués, aspect fantastique de l'ensemble, archi- tecture mélangée et grandiose, coloris chatoyant et plein de convention. On trouve en Belgique même un grand nombre de tableaux de ces pseudo-Bles. Au Musée de Bruxelles trois .adorations des Mages (Fig. CLXVII), avec de grands diables de halle- bardiers en costumes de féerie (n°' 577, 578 et 579); au Musée d'Anvers, un Calvaire faussement attribué à Pieter Claiessens (de petite dimension, Fig. CLXVIII) et la Passion du Sauveur, représentation synoptique attribuée à Jérôme Bosch (n° 638); au trésor de la cathédrale de Tournai, une Adoration des Bergers et au Musée de cette ville une petite Adoration des Mages; à Bruges, à la cathédrale de Saint-Sauveur, un trip- tyque avec le Christ en croix dans la partie centrale, et au Musée une Adoration des